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Les aventures de

Boulet devient un templier

Jeudi 18 Octobre 2018

Oui, oui, un jeudi, départ avec ma pote Aline en direction de Millau. Laps de temps pris afin d’aller récupérer nos dossards pour « l’Intégrale des Causses » qui débutera le lendemain à 6h50.

« L’Intégrale des Causses », c’est 63Km pour 3000D+

un beau chantier, et l’objectif de l’année, vu que je n’ai pas réussi à relever celui de cet été sur le trail des Passerelles.

On arrive donc sur place vers 17H

par chance il n’y a pas encore foule, ça commence ! On cherche notre stand de retrait, c’est immense et pour cause, il y a 15 courses sur le weekend et c’est une manifestation de renommée internationale.

Après avoir donné son certificat et contrôle de la pièce d’identité, tu signes et on te donne ton numéro de souffrance.

Puis on fait le tour du salon, entre les exposants pro, vendeurs de matos et autres nourritures te faisant courir plus ou mieux, ainsi que les nombreux organisateurs de trails, y’a de quoi s’occuper un moment. Surtout que j’ose remplir plein de bulletins dans l’espoir d’un tirage au sort positif pour découvrir de nouveaux terrains de jeux.

On finira par retrouver le stand de la dotation qui est superbe ici.

Calendrier, buff, tee-shirt technique, sachant qu’il y a aussi un repas d’après course compris.

On croisera aussi des têtes connues avec lesquels on échangera quelques mots.

 

 

Vendredi 19 Octobre 2018

Heu comment vous résumer ma nuit ?

D’ailleurs, quelle nuit ? J’ai l’impression de ne pas avoir dormi, donc à 3h je commence tranquillement à me préparer.

Je commence par avaler un petit dej boisson chocolaté et banane, puis je passe à la pose méthodique des KT sur mes genoux. La journée devrait être longue, alors je m’applique.

4h05 – Y’a du barouf dehors, je sors de la voiture, et écoute le départ de l‘ultra, les grand qui sont sur le 103 km sont sur le départ.

4h45 - Je suis fin prêt, le déguisement au complet, je termine le remplissage des flasques quand Aline me rejoint et direction le village de départ pour prendre la navette.

5h30 – On est installé dans le bus direction le village de Peyreleau, où sera donné le top départ.

Seuls 500 dossards sont distribués pour « l’Intégrale des Causses » afin de garder le côté intimiste de l’épreuve.

On discute stratégie et temps imparti pour boucler ce trail, elle m’annonce 13h maxi, je déconne en lui faisant remarquer par la fenêtre que :

« T’as vu dans 15h on sera là-haut ! »

 

6h15 – Arrivée à Peyreleau, direction le restaurant de Peyreleau qui nous accueille pour nous réchauffer et servir des cafés.

6h40 – Direction les commodités y’a la queue, avec la chance que l’on a, on va être à la bourre pour le départ, la tension monte d’un cran.

6h45 – On rejoint le reste des 451 courageux, ou inconscients sur l’aire de départ, la musique monte, ERA – Amero, ça te dresse les poils, enfin tu prends un départ sous cette musique, je ne sais pas comment expliquer cette sensation, mais ce mélange plein d’émotions, la joie, l’euphorie, la peur, merde mais la journée va être longue.

6h50 – Ils lâchent les fauves, c’est parti départ à la frontale, je pense de mémoire que c’est mon premier.

On traverse le village en montée, pour rejoindre au bout de 800m le premier sentier.

Km 1,60 – On retourne dans le village et Aline est déjà là à m’attendre, même si ce n’est pas parti vite, je suis quand même au-dessus de mon rythme de croisière.

Km 4,75 - On longe la Jonte par une piste très roulante, on profite de ces 2 km en fond de vallée pour admirer les formes géantes des falaises du Causse Méjean commençant à émerger dans la pénombre.

Km 6,25 – 1h – On attaque la montée sur l’ermitage St Michel pour grimper sur le Causse Noir, je suis bien, depuis le début j’avance à mon petit rythme.

Km 10 – La première grosse bosse est déjà loin, je profite du lever du jour pour admirer ces belles falaises.

Km 10,32-

Km 10,80 – Le sentier des corniches nous offre un panorama exceptionnel sur la vallée de la Jonte.

Km 11,48 – Le spectacle visuel est tout simplement magnifique, voir ces hautes falaises avec la lumière de début de journée est un véritable bonheur. Le sentier est agréable à courir, alternance de petites montées-descentes, avec quelques racines.

 

 

Km 12,03 -

Km 12,68 - On rejoint le Rocher du Champignon préhistorique, superbe caillou. Il s’agit d’un énorme rocher pédonculaire qui se dresse à une altitude de 893 mètres sur le Causse Noir. Avec une longueur de 22 mètres, c’est le plus grand de ce genre que l’on trouve, tous Causses confondus.

Km 16,14 - La chapelle de St Jean des Balmes, Le prieuré est situé sur la commune de Veyreau, par de belles pistes forestières, c’est plutôt roulant, Aline en profite pour partir devant faire un peu de vitesse, je la retrouverai au ravito où elle a décidé de m’attendre. J’avance à bon rythme et je me fais plaisir aussi.

Km 16,68 – On traverse l’ancienne ferme de la Bartasserie, superbe ensemble de corps de ferme tout en pierre, remarquable exemple d'architecture caussenarde. Ancienne ferme résinière abandonnée.

Km 17,90 – Une dame est tranquille installée devant un petit feu de camp.

Km 18 – Le ravito est annoncé à 3 KM, enfin.

Km 18,49 – Je remonte sur une asiatique, ce ne sera pas la seule que je doublerai sur la matinée, elle s’inquiète de savoir si on n’est pas déjà passé par là, sont forts ces asiatiques quand même !!!

Km 21,50 - 1er ravito de St-André de Vezines, je donne des nouvelles à mon amour, elle m’en donne aussi et m’encourage, ça fait du bien au moral ça.

J’y retrouve Aline en train de se goinfrer en m’attendant

je cherche un peu de réconfort auprès d’une rondelle de saucisson, mais il n’y en a pas, mince dommage.

 

Je remplis mes flasques, avale un peu de chocolat et des TUC et nous voilà déjà repartis, elle est dure avec moi, mais elle m’impose à soutenir un bon rythme, et ça paie, je passe le semi en 3h24.

Km 23 – On est dans une plaine, Aline impose un rythme, qui me convient.

Km 24,36 – Superbe vue sur une mer de nuage, avant d’attaquer une belle descente.

Km 25 – C’est superbe, mais le soleil commence à cogner aux endroits dégagés, il est aux alentours de 11h.

Km 26,27- Quel spectacle, et c’est parti pour une belle bosse en plein soleil.

 

Km 27,28 – Je m’arrête 8 secondes montre en main et je me fais disputer par mon guide qui me dit d’avancer, elle me dit : « je suis là pour te faire sortir de ta zone de confort.

 

Ben y’a longtemps que j’en suis sorti de cette zone !

Km 27,36 -

 

Km 27,50 -

 

Km 27,70 – Je suis précédé par un des cameraman officiel de la course.

 

Km 27,90 – Superbe roche percée, c’est la seconde que je traverse cette année après celle de la grande course des Passerelles.

Km 28 – Site naturel de Roquesaltes, on passe sous une seconde roche percée, La Porte de Roques-Altès, ce coin est vraiment magnifique. Aline est vraiment incroyable de facilité, et vas-y que je m’arrête pour faire des photos et que je te redouble, et elle repasse devant alors que moi j’en chie déjà pas mal. Les mollets sont à la limite des crampes, les cuisses bien chaudes, je râle parfois mais j’avance à un rythme plus élevé que d’habitude.

Km 32 – Nous voilà au pied d’une belle et longue bosse, 340D+ sur 2Km.

Km 34,80 – On vient de terminer une sacrée longue montée en plein soleil, il tape encore à cette période de l’année. J’alterne les portions de marche et les portions de trot, ça évite à mes crampes de me foudroyer, j’écoute les super conseils d’Aline en râlant un peu, mais les conseils sont payants. Pour l’instant pas de grosse alerte, mais c’est dur parfois.

 

Km 35,60 – On est rejoint par un autre binôme, et les filles se mettent à papoter, incroyable, Aline a le don pour discuter avec toutes les personnes que l’on double ou qui nous rattrapent.

Km 35,90 – Second ravito – Pierrefiche – enfin à manger, je remplis mes flasques et bois du coca, j’ai soif de sucré, puis direction la table à ravito et ho quel bonheur, il y a du saucisson, je me jette dessus mais au moment de toucher le bonheur culinaire, une main m’interpelle pour me rappeler de ne pas me goinfrer, pffff c’est nase !

Je redonne des news à ma chérie, elle m’a beaucoup écrit. Dommage pas le temps de lire tous ses messages, mais s’il y a bien une des plus grandes forces qu’on puisse avoir sur un parcours qui nous demande tant d’efforts, c’est celle du soutien de ceux qui croient en nous.

 

Km 39,20 – Cette partie du trail est très plaisante à trottiner, je garde un bon rythme encouragé et poussé par mon guide. Par moment il y a des menaces de poussage avec la pointe des bâtons, autant vous dire que ça motive à avancer plus vite.

Km 42,20 – 1700D+- Bon un long chemin sans trop de visuel ni de quoi raconter jusque-là, mais je passe la distance marathon en 8h01, incroyable avec le rythme que m’impose de tenir Aline, je dépasse mon précédent record personnel sur la distance de 30min, je cours a une moyenne de 6, chose qui n’est jamais arrivée depuis que je fais du trail.

Km 44 – C’est magnifique, on a une superbe vue sur les gorges de la Dourbie, ça fait aussi un petit moment que les grands de l’Utra nous doublent, ils sont sur un rythme incroyable.

Km 48 – Et bim une autre montée et 226mD+ dans les mollets, je suis au bout de ma vie, Aline est même passée en mode moteur en me poussant dans le dos par moments, pour me soulager dans la montée, c’est une honte.

 

Km 48,72 – Après avoir refait le plein d’eau sur un ravito rajouté sur le parcours, nous voici au milieu des brebis, Aline aura même le temps d’en caresser une. Cette fille me flingue à être aussi détendue et facile au bout de presque 50Km de course.

Km 50 – Je suis sur un rythme de 5, incroyable je me surpasse et m’étonne vraiment, être encouragé, soutenu et poussé donne des ailes.

Km 54,60 – 11h07 – Le soleil se couche, on a dépassé Massebiau, on attaque la montée du Cade.

Km 55 – Je double, incroyable, malgré mon allure d’escargot, je double un gars qui est sec, Julien un toulousain, il s’accrochera a moi pour trouver les ressources en lui pour gravir ce truc de con si loin sur le parcours, c’est LA bosse qui te finit, celle dans laquelle tes mollets sont liquides tellement ils sont chauds, les cuisses , bref tout souffre.

Km 56 – Voilà, c’est peut-être la dernière grosse bosse, le passage au sommet de la course, la Pouncho, très éprouvante à ce stade du trail, je suis défoncé, mais j’avance encore sans quasi me plaindre, il y a de plus en plus de coureurs de l’ultra qui me déposent, on fait route à 3 maintenant, Julien mon nouveau copain ne me lâche plus.

Km 57 – On arrive au dernier ravito.

Superbe ravito dans une vielle grange, avec feu de cheminée et musique locale à l’entrée.

On nous conseille de boire une bière.

Oui, oui, une bière mais sans alcool, il paraît que c’est très bon pour les crampes.

Je remplis juste une flasque il ne reste que 5 km à faire, je grignote un peu de jambon blanc et du fromage, j’allais me faire une petite douceur en dessert, mais ma coach me dit aller on y va, et merde pas de crêpe pour moi !!! Elle est blasée que l’on arrive avec la nuit, et de devoir surtout passer la grotte du Hibou en pleine nuit.

On laisse Julien retrouver sa fille et sa femme, il nous récupèrera plus loin.

Km 58,60 – La nuit nous gagne, la lune est de sortie, on voit Milliau en bas, ça commence à sentir bon, mais ce n’est pas terminé.

Km 60 – Superbe vue sur Millau et son viaduc, les frontales sont de sortie, et on attaque la longue descente, très glissante et très abrupte par endroit. Il faut rester vigilant à chaque instant, ce serait dommage si près du but de se faire mal.

Km 61,30 – La fameuse grotte du Hibou, elle se situe au pied des corniches du Causse Noir, face à Millau. Elle est énorme, y arriver de nuit est peut-être moins impressionnant que de jour, mais là, à la lueur de la frontale elle paraît très grande, et je la trouve longue. Ma binôme étant claustrophobe, elle trace sans prendre le temps de vérifier s’il y avait des peintures préhistoriques et nous attend à la sortie, mais bon il n’y en avait pas, et on continue dans la descente.

Km 62 – On est revenu sur quelques personnes, on en double et on suit un couple, la dame me dit : « Vous voulez doubler ? »

Je lui réponds que non je suis bien là des fois que l’on se marre un peu, je reste derrière.

Peu de temps après un gars de l’utra nous demande de passer.

Je lui réponds : « Sans souci, vas-y des fois que l’on se marre ». Je n’ai pas fini la phrase que mon pied gauche glisse et me voilà les 4 fers en l’air.

J’aurais mieux fait de me la fermer. J’attendais une chute devant moi et c’est moi qui en fait les frais, rien de grave, juste les coudes qui piquent un peu et le bas du dos, pas de bobo.

Km 63 – Putain on y est, je me lâche un peu, et fini par dire : « Putain on va être finisher ! »

On entend depuis un petit moment le speaker, et on distingue de mieux en mieux les luminaires du village des partenaires.

Passage du pointage la foule est là, à nous applaudir, j’entends même un : « Bravo boulet, tu vas finir avant Augusto ! », un copain de cahors trail qui lui est sur l’ultra.

Ce sport est magique… il te fait passer de la souffrance à l'émerveillement en quelques secondes.

 

Aller plus que quelques mètres et ce sera la fin de cette superbe aventure.

On fini à 3, ou plutôt à 4, Julien récupère sa fille pour passer la ligne ensemble.

Voilà « l’Intégrale des Causses », 63km301 2963D+ en 13h42,11.

Trop fier de passer sous cette arche mythique, très heureux d’avoir réussi à terminer ma plus grosse course de l’année, menée de main de maitre par ma pote Aline qui m’a poussé au sens propre comme au sens figuré, encouragé, supporté, oui supporté car je n’ai pas été toujours gentil, la fatigue et l’épuisement font dire des choses pas sympas par moment, mais elle est restée tout le temps avec moi souvent devant à imposer le rythme, un peu derrière pour être sûre que je cours le plus possible, ses supers bons conseils que je me suis efforcée à suivre tant bien que mal, malgré la fatigue. J'avoue m’être vraiment dépassé physiquement sur celui-là, j'ai tout donné, et c’est payant car au moment de faire le bilan que faut -il retenir ?

En 1 - Que ce trail est très certainement un des plus beaux de l’année pour moi.

2 – Que c’est le trail, malgré la longueur et le temps passé en course, où je finis le mieux en forme.

3 - Aucune crampe foudroyante, quelques débuts de sensations mais pas de souffrances extrêmes.

4 – Aucune douleur aux genoux, chevilles et pieds.

 

5 – 3 records personnels, temps au marathon , distance la plus longue et temps en course le plus long.

Je n’aurai pas assez de mots pour remercier ma pote, sans qui je n’aurais peut-être pas réussi ce beau chalenge en si bonne forme.

Merci à cette organisation sans faille, au niveau tracé, ravitos, bénévoles, parcours, tout a été splendide sur cette longue journée, et dire que cela dure 3 jours avec 15 épreuves au total, bravo !!!

Bon, c’est pas tout, mais merde elle est où cette médaille et ce cadeau finisher si durement gagnés ? Ben un peu au-dessus de l’arrivée.

Un superbe blouson sans manche discret avec un petit finisher sur la poitrine, moi qui voulait justement m’en acheter un, il tombe très bien.

On s’attarde un peu au ravito final, moi je dévore des bols de soupe, enfin j’ai faim à l’arrivée d’un trail quoi.

 

Et comme toute belle histoire gauloise celle-ci se termine aussi par un bon repas, le fameux saucisse aligot aveyronnais.

 

 

Augusto arrivera quelques minutes après, on échange quelques mots puis c’est l’heure de quitter cette belle terre de trail.

Si vous avez un rêve, mettez tout en œuvre pour le réaliser, battez-vous et accrochez-vous car la récompense est à la hauteur des efforts fournis. Et surtout…. croyez en vos rêves car vos espoirs et votre détermination vous mènerons au plus près des étoiles…

à suivre...

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L
superbe tres courageux c est bien mais fais gaffe quand meme bises papa
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